Entretien avec Maroussia Paré, championne de sprint
Pouvez-vous présenter votre parcours ? Il y a une double facette : à la fois sportive de haut niveau et spécialisée dans la psychologie.
Je suis diplômée depuis 2020 d’un master en psychopathologie et psychologie clinique. Parallèlement, je suis sportive de haut niveau depuis mes 16 ans, spécialisée dans les épreuves de sprint 100m, 200m, 4x100m et relais 4x200m.
Quand j'ai eu mon diplôme en 2002, je me suis rendue compte qu’il n'était pas possible d'avoir un travail de psychologue dans une institution ou un cabinet libéral classique, étant donné les contraintes liées à une carrière professionnelle de haut niveau. Aujourd’hui, j’interviens dans les entreprises où j'utilise les ressources et les situations que j'ai pu connaitre dans mon sport. J'éclaire par la psychologie, je donne des outils précis, adaptables et activables par toute personne.
Les questions autour de la santé mentale des sportifs de haut-niveau sont désormais régulièrement évoquées dans les médias et par les athlètes eux-mêmes. Quel est votre regard sur ces problématiques ?
C’est un peu caricatural mais il ne suffit pas d'être super fort et d'avoir été le plus assidu à l'entraînement pour être performant. Celui qui va être performant, c'est celui qui va réussir à mobiliser ses ressources de la meilleure des façons et au bon moment. Si on n'est pas en capacité d'activer certains leviers, on passe à côté. Vous avez beau être le meilleur serveur, si sur le court vous n’arrivez pas à optimiser vos ressources mentales, vous n’allez pas gagner.
Il y a le volet mental, la préparation et l'optimisation ; mais aussi le volet bien-être du sportif. Un sportif est un sujet très exposé au niveau psychique. Quand on est sur le court, dans une arène, tout le monde vous regarde : on devient très sensibles, ce qui explique les raquettes cassées et les moments de tension. On est à vif, en train de faire quelque chose qui expose physiquement et émotionnellement...
Il est donc important de posséder cette ressource psychique de prendre soin de soi. D'être bien en tant que personne avant d'être bien dans son sport. Ce n'est pas une question de niveau mais de personnalité. Je vis l'athlé d'une certaine façon et mes coéquipières ne le vivent pas de la même façon. Notre histoire nous amène à faire telle ou tel choix et à ne pas regarder notre sport de la même façon.
Vous avez l’air de connaître assez bien le tennis.
Oui, j'aime beaucoup. J'aimerais jouer après ma carrière, c'est un sport très spectaculaire. Quand je joue ça n'a rien à voir (rires). C'est ludique, plus que l'athlé où c'est difficile de trouver du jeu. Je peux avoir vite de la frustration quand je me vois jouer au tennis. J'arrive à renvoyer la balle dans le court, mais je sens déjà que ça peut m'agacer très vite (rires).
Est-ce que des joueurs ou joueuses vont ont inspiré ?
Roger (Federer), c'est juste parfait. Gaël Monfils aussi. Gaël, ce que j'aime chez lui c'est le côté aérien : il va prendre la balle d'une certaine façon, il va y avoir des sauts… Quand je l'ai vu à la télévision, je me suis dit "ah oui on peut jouer au tennis comme ça" (rires) !